Avec un fonds d’épargne salariale personnalisé, le groupe breton de l'industrie agroalimentaire – qui possède notamment les marques Vrai et Sojasun – dispose d’un outil répondant aux attentes de placements éthiques de ses collaborateurs. Et d’un nouveau moyen d’investir dans des centrales d’approvisionnement énergétique difficiles à financer pour un industriel.
Il est parfois utile de se parler. Car quand à quelques bureaux d’écart, les collaborateurs d’une entreprise pointent des problèmes différents, il arrive que par un coup de baguette magique, une solution émerge d’elle-même pour répondre aux attentes de chacun. Et l’on finit même par se demander pourquoi personne n’y avait pensé avant. Connu en particulier pour ses desserts, boissons et plats cuisinés végétaux Sojasun, le groupe breton Triballat Noyal s’est prêté à l’exercice en confrontant deux problématiques sans le moindre lien : l’épargne salariale de ses collaborateurs et son approvisionnement énergétique. Mettez le tout dans un bol mixeur et vous obtenez la construction à Châteaubourg d’ombrières photovoltaïques dont l’entreprise achète aujourd’hui les électrons à ses propres salariés.
Dans une société agroalimentaire où l’énergie est le quatrième poste de charges, l’envie de mieux faire ne date évidemment pas d’hier. Au fil du temps, l’industriel a appris à mesurer précisément ses consommations et s’est équipé d’automatismes capables de les optimiser. Depuis plusieurs années, il se penche aussi sur son approvisionnement et possède entre autres une éolienne… Une expérience mitigée, puisque satisfaisante d’un point de vue énergétique – l’installation fournit 10 % de la consommation de l’usine de Châteaubourg –, mais complexe.
« C’est un secteur qui demande beaucoup de temps. Trop pour une structure comme la nôtre », explique Jean-Marc Lévêque, responsable du développement durable chez Triballat. Sur ce site, le classement Seveso d’une entreprise voisine règle de toute façon la question : impossible aujourd’hui de construire un deuxième mât. Et si un projet de parc a été envisagé à une quinzaine de kilomètres, les acteurs locaux n’ont finalement pas souhaité donner suite.
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Dans une région en périphérie des grands réseaux électriques et alors que chaque coupure provoque un arrêt de procédé qu’il faut cinq heures à redémarrer, maîtriser et relocaliser son approvisionnement n’en reste pas moins un objectif. Et ce malgré les incertitudes sur des prix de l’énergie que l’on annonce perpétuellement à la hausse, mais qui continuent à faire du yo-yo, notamment du fait de l’abandon de la taxe carbone. C’est donc naturellement que Triballat a choisi d’investir dans le solaire… Du moins un temps. « C’était possible d’un point de vue comptable lorsqu’on était en forte croissance. Aujourd’hui, notre secteur est plus tendu car de grands groupes agroalimentaires viennent sur le bio et le végétal. D’où un intérêt pour des co-investissements permettant de bénéficier d’installations sans en porter toute la charge. »
C’est dans un tout autre service de l’entreprise que s’est dénouée une partie de ce problème de financement. Profitant d’un dispositif d’épargne salarial, les collaborateurs de Triballat ont longtemps regretté le manque de transparence des organismes bancaires quand on leur demandait en quoi consistait exactement leur politique de placements éthiques ou durables. De cette réflexion est née la création d’un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) maîtrisé par les salariés eux-mêmes. Une dizaine d’entre eux a rejoint un comité de sélection de projets avec un objectif de rentabilité, mais aussi une mise en avant des problématiques sociale et environnementale. À Châteaubourg, c’est ce fonds qui a finalement investi dans des ombrières photovoltaïques fournissant l’électricité au site en autoconsommation.
Un parc de 215 kW a été construit à l’été 2019. De quoi produire 220 000 kWh d’électricité par an, gisement quasi intégralement autoconsommé (le reste étant cédé au réseau). Et ce, à un prix de 8 à 10 ct€ / kWh. L’investissement (300 000 euros) sera amorti sur douze à treize ans… Une durée trop importante pour un industriel, mais pas forcément pour des salariés dans la mesure où une telle installation fonctionne environ trente ans et où le prix du kilowattheure pourrait sensiblement évoluer au fil du temps.
Bilan : 85 % des collaborateurs ont souscrit à ce FCPE, ce qui va au-delà des attentes initiales. Aujourd’hui doté de 3 M€, le fonds a parallèlement investi dans des crèches, des logements sociaux, un atelier agroalimentaire bio, une entreprise de maintien à domicile des personnes âgées… Sans doute y aura-t-il d’autres projets d’ombrières photovoltaïques sur d’autres sites, voire un projet de pyrogazéification, même si la question de savoir si les salariés ont vocation à investir dans des procédés plus innovants n’est pas tranchée.
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